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Le passage secteur des Pierrières, entre le pont du Diable (à gauche) et la passerelle Emile Gaboriau (à droite) déjà fermé au public depuis décembre 2021. (c) ArtGrafik

Risques immédiats pour la sécurité des usagers selon l’étude du Cerema

En 2019, la commune et les services de l’État (la Direction départementale des territoires et de la mer) ont sollicité une étude au Cerema (le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) portant sur la situation de la stabilité et de la sécurité des falaises saint-palaisiennes. Le secteur entre la maison des Douanes et la plage du Platin ayant déjà été identifié comme sensible lors d’une précédente étude plus globale allant de Saint-Palais-sur-Mer à Barzan.

Suite à quoi, la municipalité a reçu le 14 décembre 2021 un premier rapport préliminaire qui démontre des risques importants de mouvements et d’effondrements dans certains secteurs. Plusieurs points de l’étude signalent ce danger :

  • La falaise de calcaire supportant le sentier du littoral est fortement fragilisée à son pied par l’érosion marine. On y constate des fissures ouvertes, des failles et des puits relativement récents. Cette fragilité s’accroît inexorablement sous l’action conjuguée et permanente des intempéries et de la houle marine, d’autant plus forte avec les tempêtes hivernales. « L’eau de mer rentre dans les cavités et fait ventouse quand elle repart » explique Laëtitia Dessaivre, directrice des services techniques. « L’océan aspire tous les petits éléments et au fur et à mesure, les cavités s’agrandissent ».
  • Le rapport précise que « la falaise est ainsi confrontée de manière imminente à des risques de nouveaux écroulements, d’échéance et d’ampleur non prédictibles au niveau du Pont du Diable ». Des glissements de terrain, plus ou moins importants, et des chutes de blocs ont également été constatés.
  • Enfin, entre la corniche des Pierrières et la passerelle Gaboriau, de nouvelles galeries sont en train de se créer sous l’action de la houle et de l’écoulement des eaux pluviales. La découverte de nouvelles cavités à proximité immédiate du sentier crée des risques d’éboulements du fait de l’instabilité des falaises karstiques (voir schéma ci-dessous).

Les mesures conservatoires à court terme : l’interdiction d’accès à ces secteurs

Entrée condamnée du sentier depuis la corniche des Pierrières

 

La municipalité a donc suivi les recommandations de l’étude en interdisant par arrêté municipal l’accès aux visiteurs sur les deux tronçons identifiés :

  • dès cet hiver, l’escalier du Pont du Diable et la partie du sentier entre la passerelle Gaboriau et l’avenue des Pierrières ;
  • puis à partir du 11 mars 2022, le passage allant du parking du Belvédère jusqu’au square Geneviève Nappée.

Au total sur les 3 kilomètres de sentier littoral empruntables sur la commune, la zone inaccessible représente environ 300 mètres.

Sur le sentier, des panneaux et banderoles sont installés et informent les visiteurs de cette interdiction d’accès. En contrebas sur la plage, un périmètre de 5 mètres est mis en place au pied des falaises afin de prendre en compte le risque de chutes de matériaux et autres blocs et ainsi protéger tout individu.

 

Le secteur interdit représente environ 300 mètres sur les 3 km de sentier littoral saint-palaisien

Itinéraire de déviation

Un itinéraire de déviation est proposé au public voulant rejoindre la plage du Platin et celle du Bureau. Il emprunte la rue de la ville d’Hiver, la rue du Bois du Roy puis l’avenue de la Forêt.

Détail des deux sections fermées au public et itinéraire de déviation proposé.

 

Des travaux à prévoir ou un déplacement du sentier ?

Glissements de terrain et fissures constatés dans le secteur du Pont du Diable : l’océan grignote peu à peu la côte

Afin de pouvoir entreprendre des actions concrètes, notamment de consolidation et de confortement des ouvrages, la municipalité attend avec attention les conclusions et préconisations définitives du CEREMA et de la DDTM. Le CEREMA doit faire appel à une équipe de spéléologues pour inspecter de nouveau les réseaux karstiques et autres cavités et ainsi finaliser son diagnostic.

A court terme, des filets de sécurité anti-éboulements pourraient être installés sur la totalité de la zone identifiée comme dangereuse, comme cela se fait par exemple en régions montagneuses.

L’une des solutions envisagées, à moyen terme cette fois, pourrait consister à remplir de béton les cavités observées. Mais leur traitement, obligatoirement simultané afin de ne pas créer de déséquilibre, l’ampleur de la zone concernée et le délai restreint disponible pour réaliser ces travaux (durant la marée basse) compliquent fortement la tâche. Les coûts que cela représenterait pour la collectivité risquent d’être dissuasifs.

Des travaux portant sur la gestion des eaux pluviales ont d’ores et déjà été réalisés sur le domaine public ; les propriétaires riverains vont être sensibilisés.

Des investissements conséquents sont à prévoir une fois l’instruction du dossier et les arbitrages techniques terminés.

Le sentier du littoral étant situé sur le domaine public maritime, il sera indispensable de connaitre le positionnement officiel de l’État face à l’ampleur de la situation.

Inscription de la commune sur la liste des collectivités concernées par le recul du trait de côte

Le département de Charente-Maritime est particulièrement sensible aux phénomènes d’évolution du trait de côte consécutifs aux tempêtes régulières qui contribuent à l’érosion littorale.

Dans ce contexte, la loi du 22 août 2021, portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, apporte de nouvelles dispositions permettant aux collectivités de mener une gestion intégrée de ce risque au regard de leur politique d’urbanisme.

Il s’agit, aujourd’hui, d’accepter la mobilité naturelle du trait de côte et de renoncer à lui opposer systématiquement des ouvrages de défense contre la mer en s’appuyant, au contraire, sur les services rendus par les écosystèmes. La mise en œuvre de telles solutions requiert des stratégies d’aménagement fondées sur des projets de territoire portés par les collectivités territoriales.

Afin de pouvoir bénéficier de ces nouveaux dispositifs réglementaires, les communes devront au préalable être identifiées sur une liste fixée par décret.

La commune pourra ainsi bénéficier des outils et dispositifs prévus par la loi Climat et Résilience pour accompagner le recul du trait de côte, comme le droit de préemption spécifique ou des dérogations à la loi littorale, sous certaines conditions, lorsqu’elles sont nécessaires à la mise en œuvre d’un projet de relocalisation durable.

Parallèlement, elles devront faire figurer dans les documents d’urbanisme les zonages d’exposition de leur territoire au recul du trait de côte aux horizons de 30 ans et de 30 à 100 ans. Un régime de limitation de la constructibilité adapté à ces échéances sera mis en place dans ces zones.

Par délibération en date du 3 février 2022, le conseil municipal a approuvé l’inscription de la commune de Saint-Palais-sur-Mer sur cette liste.

Un phénomène rencontré sur tout le littoral français

Ce cas de figure n’est pas propre à la commune de Saint-Palais-sur-Mer. Dernièrement, le sentier littoral de la Corniche Basque ou celui des Pays de la Loire de Saint-Nazaire ont également été fermés au public, définitivement pour l’un et temporairement pour l’autre.

Plus près de chez nous, la commune des Mathes / La Palmyre est également inscrite sur la liste des collectivités concernées par ce phénomène naturel.

 


 

Lire l’arrêté municipal (ST 2022 – 073) du 11 mars 2022 relatif à la fermeture d’une portion du sentier des Douaniers